Directeur e-commerce Lyon – Expert B2B/B2C | Campioni.fr
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NOM

Steve Campioni

EXPERIENCE

Directeur e-Commerce

LOCALISATION

Lyon, Auvergne-Rhône-Alpes

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Gestion des retours : le terrain de jeu caché de la marge

Reverse logistics : une gestion des retours optimisée

La gestion des retours représente un coût moyen de 15 à 20€ par article en France, avec un taux de retour e-commerce de 24%, selon la FEVAD. Loin d’être une fatalité, la reverse logistics devient un levier stratégique de différenciation et de rentabilité pour les e-commerçants qui savent l’industrialiser. Entre optimisation des processus, réduction de la fraude et amélioration de l’expérience client, les marges se jouent désormais aussi sur ce maillon longtemps négligé.

Les e-commerçants français l’ont bien compris : le taux moyen de retour e-commerce en France s’élevait à 24% en 2023-2024 selon la FEVAD. Un chiffre qui semble anodin jusqu’à ce qu’on mesure son impact réel sur la rentabilité. Pendant que les directeurs e-commerce optimisent leurs taux de conversion et leurs stratégies d’acquisition, une variable critique échappe encore trop souvent à leur radar stratégique : la gestion des retours.

Pourtant, derrière ces 24% se cache un enjeu financier colossal. Selon l’Observatoire sociétal du e-commerce, la gestion d’un retour coûte en moyenne entre 15 et 20€, incluant transport, main-d’œuvre pour contrôles et remise en stock, et commissions bancaires pour remboursement. Dans un contexte où les marges se comptent souvent en points, cette équation devient rapidement insoutenable.

L’ampleur d’un phénomène sous-estimé

Les chiffres qui dérangent

Aux États-Unis, Statista estime que les retours e-commerce ont représenté environ 490 milliards d’euros en 2020. En Europe, les disparités sont marquées : l’Allemagne arrive en tête avec 53% des acheteurs en ligne ayant retourné au moins un produit, tandis que la France se situe à 45%.

Mais tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Le secteur des vêtements et accessoires affiche le pourcentage de retour le plus élevé en Europe, avec un taux de 18,8% en France pour les vêtements et chaussures, contre 7,2% pour les appareils électroniques. Dans l’univers de la mode en ligne, le taux de retour peut même atteindre 30%, transformant la reverse logistics en véritable équation économique.

Un phénomène amplifié par les pratiques d’achat

La gratuité des retours, instaurée par les géants comme Amazon, a profondément modifié le comportement d’achat. Les retours produits en France provenant des sites web représentent en moyenne 20 à 30% des achats, contre 8% de ceux effectués en magasins.

Une pratique particulièrement répandue dans la mode : le « bracketing », où les clients commandent volontairement plusieurs tailles ou coloris pour ne conserver que celui qui convient. Selon l’IFOP, 67% des internautes français se renseignent sur les conditions de renvoi avant de commander en ligne, faisant des politiques de retour le troisième critère d’achat après le prix et les conditions de livraison.

L’anatomie du coût réel d’un retour

La face immergée de l’iceberg

Dans une interview donnée à LSA, un responsable du site de mode en ligne BonneGueule estimait en mai 2022 à 13,20€ le coût du retour par produit : 5,50€ de frais de transport et le reste dû aux frais de reconditionnement (contrôle qualité, pressing, etc.).

Mais le coût réel va bien au-delà :

  • Transport reverse : Prise en charge du colis, transit retour, gestion des points relais ou collectes à domicile
  • Contrôle qualité : Inspection du produit retourné, vérification de l’état, testing fonctionnel pour l’électronique
  • Reconditionnement : Nettoyage, pressing pour le textile, remise en emballage d’origine
  • Remise en stock : Saisie informatique, réintégration dans le WMS, vérification des stocks
  • Traitement administratif : Gestion du remboursement, traitement des litiges, service client
  • Coût d’opportunité : Immobilisation du produit pendant le cycle de retour, manque à gagner sur la rupture de stock temporaire
  • Impact environnemental : Empreinte carbone du double transport, gaspillage des emballages

Pierre-Yves Minarro, directeur général adjoint chez Scallog, avance qu’un retour représente un coût a minima de 10 euros par article, sans compter les coûts indirects.

Les retours « sauvages », cauchemar logistique

Les retours sauvages, des retours non annoncés, souvent sans étiquette ou document permettant d’identifier précisément la commande d’origine et le client concernés, représentent un défi logistique majeur. Ils nécessitent un travail d’enquête, mobilisent des ressources supplémentaires et peuvent générer de l’insatisfaction client si le remboursement est retardé.

La reverse logistics : d’un mal nécessaire à un levier stratégique

Repenser la politique de retour

La tentation est grande de restreindre les retours gratuits. Des entreprises comme H&M, Zara, et même Amazon ont commencé à facturer des frais de retour. Mais cette stratégie n’est pas sans risque : selon un rapport de Narvar, deux tiers des consommateurs s’attendent encore à bénéficier des retours gratuits.

L’enjeu est donc de trouver l’équilibre entre rentabilité et satisfaction client. Plusieurs leviers s’offrent aux e-commerçants :

L’industrialisation comme clé de rentabilité

Philippe Bourriot d’Arvato Supply Chain souligne : « Le meilleur levier est l’industrialisation des processus. Nous nous employons à détecter tous les cas de figure possibles en amont. Tout doit être écrit, scénarisé, pour réduire les délais de traitement ».

Cette industrialisation passe par plusieurs axes :

  • Scénarisation exhaustive : Anticiper tous les cas de figure (produit défectueux, erreur de taille, changement d’avis, etc.) avec des workflows dédiés
  • Automatisation : Les robots d’entrepôt peuvent scanner immédiatement les articles retournés et les placer dans un bac, évitant de courir d’un coin à l’autre de l’entrepôt
  • Remise en vente accélérée : Il est possible d’indiquer « en stock » un produit qu’un client souhaite retourner. Dès son retour en entrepôt, la pièce est contrôlée et immédiatement expédiée à un autre client
  • Routage intelligent : L’étiquette de retour peut indiquer une expédition vers un magasin proche qui ne dispose plus de l’article dans cette taille, réduisant le retour à un seul flux
  • Externalisation sélective : Faire appel à un 3PL spécialisé en reverse logistics pour mutualiser les coûts

L’exploitation de la data retour

Trop d’e-commerçants traitent les retours comme une simple contrainte opérationnelle. C’est une erreur stratégique. Chaque retour est une mine d’informations :

  • Analyse des motifs : Problème de taille récurrent sur un produit ? Écart entre la photo et la réalité ? Défaut qualité d’un fournisseur ?
  • Identification des produits problématiques : Certaines références génèrent systématiquement plus de retours que d’autres
  • Détection de la fraude : Profils clients retournant systématiquement, achats suspects (vêtements portés pour une occasion puis retournés)
  • Optimisation du catalogue : Suppression ou amélioration des fiches produits problématiques
  • Négociation fournisseurs : Data pour renégocier avec les fournisseurs générant trop de SAV

Sonder les clients ayant exigé un retour produit permet de connaître ce qui crée un point de friction, la raison simple ou plus profonde qui est à l’origine du renvoi de l’article. Cette démarche peut révéler des opportunités ou des failles insoupçonnées.

Les leviers opérationnels de réduction des retours

L’excellence du contenu produit

Dans 59% des cas, le produit est arrivé avec un défaut ou endommagé. Mais une part significative des retours est évitable avec une meilleure présentation produit.

  • Visuels exhaustifs : Photos 360°, vidéos d’utilisation, vues de détails, mise en situation
  • Descriptifs ultra-précis : Dimensions exactes, tableaux de tailles détaillés, composition matière, instructions d’entretien
  • Avis clients authentiques : Photos clients, commentaires sur la taille, la coupe, la qualité réelle
  • Technologies immersives : Certains clients ont développé une application en réalité augmentée pour réduire le risque de se tromper lors du choix de lunettes
  • Comparateurs intelligents : « Ce produit taille grand » ou « Les clients ayant acheté ce modèle ont également commandé la taille supérieure »

L’objectif est de lever toutes les objections avant l’achat pour éviter les mauvaises surprises à la livraison.

L’optimisation logistique amont

Une partie des retours résulte d’erreurs logistiques évitables :

  • Contrôle qualité renforcé avant expédition : Vérification systématique de la conformité produit
  • Emballage adapté : Choisir la taille de colis appropriée pour éviter que les articles ne bougent durant le transport
  • Partenariat transporteurs qualité : Si des erreurs se produisent pendant le transport, vous devez confronter vos partenaires et exiger une compensation
  • Gestion des stocks en temps réel : Éviter de vendre des produits en rupture ou présentant des défauts connus

Le nudge marketing appliqué aux retours

Certaines solutions de nudge marketing peuvent limiter le taux de retours :

  • Étiquettes anti-abus : Zalando appose une grande étiquette très visible sur le vêtement, le rendant impossible à porter sans se ridiculiser, pour éviter les achats « try and return »
  • Accountability du client : Demander de préciser le motif de retour avant validation crée une prise de conscience
  • Rappels à l’impact écologique : « Ce retour générera X kg de CO2 » peut inciter à la réflexion
  • Incentives à l’échange plutôt qu’au retour : Avoir sur un prochain achat plutôt que remboursement cash

Les nouvelles frontières de la gestion des retours

L’IA au service de la prédiction

L’intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives :

  • Prédiction du risque de retour : Scoring des commandes selon probabilité de retour (historique client, type de produit, montant panier)
  • Recommandations personnalisées : Suggérer la bonne taille selon l’historique d’achat du client
  • Détection précoce de la fraude : Algorithmes identifiant les comportements suspects
  • Optimisation dynamique : Ajustement automatique de la politique de retour selon les seuils de rentabilité

La circularité comme opportunité

La gestion des retours s’inscrit aussi dans une logique d’économie circulaire :

Le retour se donne comme un moment de vérité client

Vincent Torres, CEO de Revers.io, affirme : « Pour fidéliser sa clientèle, il faut gérer rapidement et simplement les retours et leur apporter de la transparence »

Un retour bien géré peut même renforcer la fidélité :

  • Processus ultra-simple : Portail en ligne, étiquette pré-remplie, QR code
  • Transparence totale : Tracking du retour, notifications à chaque étape
  • Remboursement éclair : Viser les 3-5 jours maximum
  • Geste commercial proactif : Code promo pour compenser la déception
  • Feedback loop : Demander l’avis du client et montrer les actions correctives

Construire sa stratégie reverse logistics en 5 étapes

1. Auditer l’existant

  • Mesurer précisément : Taux de retour global et par catégorie, coût unitaire réel, délai moyen de traitement, motifs de retour
  • Benchmarker : Comparer avec les standards sectoriels et les meilleures pratiques
  • Identifier les irritants : Points de friction dans le parcours retour, retours sauvages, produits problématiques

2. Définir les objectifs

  • Réduction du taux : Objectif chiffré de diminution (ex : passer de 24% à 18% en 12 mois)
  • Optimisation des coûts : Objectif de coût unitaire (ex : passer de 18€ à 12€)
  • Amélioration de l’expérience : NPS retour, délai de remboursement
  • Impact marge : Calculer le gain de marge nette attendu

3. Industrialiser les processus

  • Cartographie exhaustive : Tous les cas de figure et leurs workflows
  • Outils adaptés : Logiciel de gestion des retours, intégration WMS/OMS
  • Formation des équipes : Procédures standardisées, empowerment service client
  • KPIs de suivi : Dashboards temps réel, alertes automatiques

4. Optimiser en continu

  • Test & learn : A/B testing sur les politiques de retour, expérimentation de nouvelles solutions
  • Amélioration produits : Actions correctives sur les références problématiques
  • Négociations fournisseurs : Renforcement des clauses qualité, pénalités sur taux de retour excessif
  • Innovations technologiques : Veille sur les nouvelles solutions (IA, robotique, etc.)

5. Transformer en avantage concurrentiel

  • Communication différenciante : Valoriser la politique de retour comme argument de réassurance
  • Programme de fidélité intégré : Bonus pour les clients générant peu de retours
  • Circularité affichée : Communication RSE sur le traitement des retours
  • Expertise partagée : Content marketing sur la qualité et la durabilité des produits

La gestion des retours n’est plus un simple poste de coût à subir, mais un terrain de jeu stratégique où se joue une part significative de la rentabilité e-commerce.

Avec plus de 17% des ventes totales en ligne retournées, l’enjeu dépasse désormais le simple cadre opérationnel pour devenir un véritable levier de différenciation et de performance.

Les e-commerçants qui sauront industrialiser leur reverse logistics, exploiter intelligemment la data retour, et transformer cette contrainte en expérience client positive, prendront un avantage compétitif durable. Car dans un marché où les marges se comptent en points, optimiser 24% de son chiffre d’affaires via la gestion des retours, c’est libérer un potentiel de rentabilité considérable.

La question n’est plus de savoir si vous devez investir dans votre reverse logistics, mais combien de marge vous êtes prêt à laisser sur la table en ne le faisant pas.

FAQ - Toutes les questions à se poser sur la gestion des retours e-commerce

Le taux moyen de retour e-commerce en France s’élève à 24% selon la FEVAD (2023-2024). Ce taux varie considérablement selon les secteurs : 18,8% pour les vêtements et chaussures, et 7,2% pour l’électronique. Dans la mode en ligne, il peut même atteindre 30%.

Selon l’Observatoire sociétal du e-commerce, un retour coûte en moyenne entre 15 et 20€. Ce coût inclut le transport (5,50€ en moyenne), le reconditionnement (contrôle qualité, nettoyage), la remise en stock, le traitement administratif et les frais de remboursement. S’y ajoutent les coûts indirects liés à l’immobilisation du produit.

La question divise. Si deux tiers des consommateurs s’attendent encore à des retours gratuits, de plus en plus de marques comme H&M, Zara ou Amazon facturent désormais des frais. L’approche la plus équilibrée consiste à proposer une politique progressive : retours gratuits sous conditions (montant minimum, nombre limité) et payants au-delà, tout en excellent sur la qualité du service.

Cinq leviers principaux : enrichir massivement le contenu produit (visuels 360°, vidéos, guides des tailles), optimiser la logistique amont (contrôle qualité, emballages adaptés), exploiter la data retour pour corriger les produits problématiques, utiliser des technologies immersives (réalité augmentée), et mettre en place des nudges pour responsabiliser les clients.

La reverse logistics, ou logistique inverse, désigne l’ensemble des processus de gestion des retours produits : réception du colis retourné, contrôle qualité, reconditionnement éventuel, remise en stock ou recyclage, et remboursement client. L’industrialisation de cette chaîne est clé pour optimiser les coûts et les délais.

Absolument. Au-delà de l’optimisation des coûts, les retours peuvent devenir un avantage concurrentiel : expérience client différenciante, exploitation de la data pour améliorer l’offre, développement d’une activité de seconde main, valorisation RSE via l’économie circulaire, et fidélisation par un service irréprochable.

Les KPIs essentiels sont : taux de retour global et par catégorie, coût unitaire moyen d’un retour, délai moyen de traitement, taux de retours sauvages, répartition des motifs de retour, taux de remise en vente rapide, NPS retour, impact sur la marge nette. Ces indicateurs doivent figurer dans les dashboards de direction.

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