Directeur e-Commerce & Digital Lyon | Steve Campioni
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NOM

Steve Campioni

EXPERIENCE

Directeur e-Commerce

LOCALISATION

Lyon, Auvergne-Rhône-Alpes

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L’obsession du taux de conversion est en train de tuer le commerce en ligne

e-commerce : taux de conversion

Depuis des années, le taux de conversion règne en maître sur les dashboards e-commerce. Mais à force de tout optimiser pour ce KPI, les marques ont-elles sacrifié l’essentiel ? Expérience, différenciation, branding : il est temps de remettre de la perspective.

Le taux de conversion e-commerce : un KPI devenu dogme

Impossible de passer une semaine sans entendre parler de “taux de conversion” :

  • “On est passés de 1,8 % à 2,1 % depuis le test A/B”,

  • “Cette page produit ne convertit pas assez”,

  • “Le checkout freine la conversion mobile”…

Le taux de conversion est devenu l’alpha et l’oméga du pilotage e-commerce, souvent résumé à : “combien de visiteurs ont acheté”.

Mais à force de traquer cette métrique à la loupe, beaucoup de marques tombent dans une logique court-termiste, appauvrissent leur proposition de valeur et sabotent leur image.

L’ère de l’optimisation sans âme

L’essor des outils comme AB Tasty ou Kameleoon a démocratisé une culture de l’expérimentation permanente. En apparence, c’est une bonne chose.

Mais cela a aussi entraîné des effets pervers :

  • surchargement de pop-ups (abonnement, cookies, réductions, sortie),

  • bandeaux de réassurance partout,

  • tests itératifs sur des détails (taille du bouton, wording du CTA) sans vision d’ensemble,

  • design aseptisé dicté par la performance, et non par l’émotion.

Le résultat est sans appel : des sites qui convertissent… mais qui n’inspirent plus.

Le coût caché du taux de conversion

Optimiser à outrance le taux de conversion entraîne trois effets secondaires majeurs :

1. Une vision myope de la performance

Un client conquis en 2 clics ne vaut pas un client conquis pour 10 ans.

Se concentrer sur la session actuelle, c’est oublier :

  • le repeat business (Customer Lifetime Value),

  • la fidélité émotionnelle,

  • la recommandation organique.

2. Une expérience client dégradée

Ce qui convertit à court terme ne crée pas nécessairement une préférence de marque.

L’ajout d’éléments “performants” (ex : badge de rareté, minuterie, promo flash) peut nuire :

  • à la lisibilité,

  • à la cohérence de marque,

  • à la confiance dans la relation commerciale.

3. Une marque qui se dilue

Quand tout est dicté par les KPIs, la créativité disparaît :

  • branding lissé pour plaire à tous,

  • storytelling absent ou générique,

  • aucune différenciation émotionnelle.

Ce qu’on devrait aussi mesurer

Le taux de conversion n’est pas à jeter, mais il ne doit plus être la seule étoile polaire. Voici quelques indicateurs plus holistiques et plus stratégiques :

🔹 Le Net Promoter Score (NPS)

Mesure de la satisfaction et du potentiel de recommandation client.

🔹 Le Customer Lifetime Value (CLV)

Combien vaut un client sur 1 an, 3 ans, 5 ans ? Un taux de conversion fort avec un taux de réachat nul est un leurre.

🔹 Le temps passé, la profondeur de visite, le scroll produit

Des indicateurs qualitatifs de l’intérêt porté à l’offre, souvent plus révélateurs que l’achat immédiat.

🔹 Le partage de contenu

Un signe fort que votre proposition a de la valeur perçue, même sans conversion immédiate.

Des marques qui préfèrent la cohérence à la conversion

Certaines entreprises ont fait le choix de prioriser l’adhésion à la marque plutôt que l’optimisation pure :

🔹 Asphalte

Précommande, storytelling long format, très peu d’optimisation UX classique. Résultat ? Une communauté engagée, un taux de retour faible et une fidélité forte.

🔹 Typology

Un design épuré, des choix forts, peu d’éléments d’“optimisation” classiques. Un positionnement de marque clair, cohérent… et rentable.

🔹 Patagonia

Ne court-circuite pas la relation client avec des incitations trop agressives. Sa posture RSE assumée construit une confiance durable.

Reprendre le contrôle stratégique

La vraie question n’est plus : comment convertir davantage ?
Mais plutôt : qui voulons-nous convertir, pour construire quelle relation ?

Le taux de conversion est un thermomètre. Mais ce n’est pas lui qui soigne la croissance. Le pilotage e-commerce ne se résume plus à l’optimisation du trafic, du taux de conversion et panier moyen, il évolue à l’ère du parcours omnicanal.

Ce que le taux de conversion vous ditCe qu'il ne vous dit pas
Qui a acheté sur cette sessionQui reviendra demain
Quelle page est la plus performantePourquoi on vous préfère
Où les gens cliquentCe qu’ils ressentent

Et vous ?

Votre marque a-t-elle encore une vision propre ou est-elle pilotée par des variations de 0,2 % ?
Le courage stratégique, aujourd’hui, c’est peut-être de s’autoriser à convertir un peu moins… mais à inspirer beaucoup plus. Et gagner en vision et en fidélisation sur le long terme…