Directeur e-commerce Lyon – Expert B2B/B2C | Campioni.fr
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NOM

Steve Campioni

EXPERIENCE

Directeur e-Commerce

LOCALISATION

Lyon, Auvergne-Rhône-Alpes

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e-Commerce B2B : pourquoi vos commerciaux sabotent (inconsciemment) votre transformation digitale

e-commerce B2B : le sabotage inconscient des commerciaux

Mars 2013. Salle de réunion d’un distributeur de fournitures industrielles en région lyonnaise. Le DG annonce fièrement le lancement de la nouvelle plateforme e-commerce B2B, fruit de 18 mois de développement et d’un investissement à 6 chiffres. Applaudissements polis. Puis, côté commercial, un silence glacial. Enfin, cette phrase qui résonne comme un coup de massue : « Donc en gros, vous allez nous remplacer par un site web ? »

Six mois plus tard, le constat est sans appel : le trafic stagne à 4% du CA total alors que l’objectif était d’atteindre 30%, les comptes clients ne sont pas activés, et l’équipe digitale ne comprend pas pourquoi une plateforme techniquement irréprochable ne décolle pas.

Cette histoire vécue date d’il y a plus de 10 ans. Mais en B2B, j’ai encore observé à plusieurs reprises en B2B lors de mes 20 années d’expérience en transformation digitale. Le problème n’est jamais technique. Il est humain. Et il porte un nom : la résistance des forces de vente à la digitalisation.

Le sabotage invisible : quand les comportements quotidiens tuent votre projet digital

Commençons par identifier les mécanismes, souvent inconscients, qui bloquent l’adoption de votre plateforme e-commerce B2B. Ces comportements ne relèvent pas de la mauvaise volonté, mais d’une logique de protection face à un changement perçu comme menaçant.

La non-prescription active

Le symptôme est discret mais ravageur : le commercial ne mentionne jamais l’existence de la plateforme lors de ses rendez-vous clients. Pire, il contourne activement l’outil en donnant son numéro de portable direct avec cette phrase apparemment anodine : « Oui oui, on a un site, mais appelle-moi directement, ce sera plus simple. »

Selon une étude compilée par EverReady en 2023, moins de 37% des commerciaux utilisent quotidiennement leur CRM, et 83% des directeurs commerciaux admettent que leur principale difficulté est de faire adopter le logiciel à leurs équipes. Cette résistance s’intensifie lorsque les outils ne sont pas alignés avec le système de rémunération ou les pratiques établies. Dans une entreprise de distribution de fournitures industrielles que j’ai accompagnée, nous avons découvert que la moitié des clients professionnels ignoraient l’existence de la plateforme e-commerce alors que celle-ci était opérationnelle depuis 6 mois. Le motif ? Aucun commercial ne l’avait mentionnée lors de leurs visites terrain.

La rétention d’information stratégique

Plus subtil encore, le refus, conscient ou non, de partager les contacts décisionnaires pour l’onboarding digital. La justification prend souvent la forme d’une protection bienveillante du client : « Ce client-là, il n’est pas prêt pour le e-commerce » ou « Il préfère l’humain, je le connais bien. » Le résultat ? Une base clients fragmentée, une adoption bloquée, et l’impossibilité de mesurer le ROI du projet. Sans implication active des commerciaux, les taux d’onboarding client restent dramatiquement faibles, compromettant la réussite du projet dès ses premiers mois.

Le dénigrement passif

Les commentaires en aparté lors des pauses café, dans les groupes WhatsApp internes, ou directement auprès des clients créent un récit négatif qui se propage comme une traînée de poudre. « Le site bug tout le temps » (même et surtout quand c’est faux), « Les prix ne sont pas à jour », « C’est compliqué à utiliser » : ces petites phrases anodines construisent progressivement une perception négative de l’outil. Selon Prosci, organisme de référence en conduite du changement, ce type de dénigrement réduit significativement la confiance interne envers un nouvel outil, même lorsque celui-ci est performant.

La sur-servicialisation

Ce comportement est particulièrement pernicieux car il est motivé par une intention louable : rendre service au client. « Attends, je vais te faire ta commande moi-même, ça ira plus vite. » Le commercial court-circuite systématiquement la plateforme pour gagner du temps. Le problème ? Il maintient artificiellement la dépendance du client à son égard. Résultat : les clients ne deviennent jamais autonomes, la promesse d’efficacité du digital n’est jamais tenue, et la charge de travail des commerciaux ne diminue jamais. C’est un cercle vicieux qui se nourrit de lui-même.

Le sabotage par l’exception

Enfin, la multiplication des processus parallèles érode progressivement la légitimité de la plateforme. « Mon client a besoin d’une remise spéciale, je ne peux pas passer par le site », « Pour ce type de commande complexe, c’est impossible en ligne. » Si chacun a « une bonne raison » de contourner le système, celui-ci devient rapidement optionnel, puis inutile. La standardisation promise par le digital s’effondre face à la personnalisation systématique.

Les quatre peurs rationnelles qui expliquent cette résistance

Il serait trop facile de réduire cette résistance au cliché « les commerciaux ont peur du changement ». La réalité est bien plus nuancée, et leurs inquiétudes sont parfaitement légitimes. Ces spécificités sont d’autant plus marquées dans le contexte B2B, où les cycles de vente sont longs et la relation commerciale reste centrale. Regardons-les avec empathie.

La peur de la cannibalisation des commissions

C’est le frein numéro un, et il est rationnel. La question que se pose tout commercial est brutalement simple : « Si mon client commande en ligne, vais-je perdre ma commission ? » Une majorité significative d’entreprises n’ont pas adapté leur grille de commissionnement au modèle hybride digital/terrain. Résultat : les commerciaux perçoivent à raison le digital comme une menace directe pour leurs revenus.

Un directeur commercial d’une PME industrielle me confiait récemment : « Mes commerciaux gagnent entre 30 000 et 45 000 euros de variable par an. Si je digitalise et qu’ils perdent 20% de commissions, ils partent chez la concurrence. C’est aussi simple que ça. » Cette lucidité explique pourquoi tant de projets digitaux restent en surface : la direction sait que toucher au système de rémunération déclenchera une crise sociale.

La peur de perdre le contrôle de la relation client

Pour de nombreux commerciaux et notamment ceux de la génération X ayant bâti leur carrière sur la proximité relationnelle, le digital est perçu comme une désintermédiation programmée. L’équation est brutale : site e-commerce égale moins de contact client, ce qui équivaut à une obsolescence à moyen terme. « Si mes clients commandent seuls en ligne, quelle est encore ma valeur ajoutée ? » Cette question mérite d’être adressée par un repositionnement clair du rôle du commercial, et non balayée d’un revers de main par des promesses vagues sur « l’évolution du métier ».

La peur de la transparence tarifaire

Avant la digitalisation, le commercial négociait les prix dans un face-à-face avec une marge de manœuvre sur les remises, les délais de paiement ou les conditions particulières. La plateforme impose souvent une standardisation des conditions commerciales, et tout est affiché publiquement. Pour des commerciaux habitués à jouer sur ces leviers de négociation, cette transparence est vécue comme une perte de pouvoir dans la relation commerciale. C’est particulièrement vrai dans les secteurs où la négociation tarifaire fait partie intégrante de l’ADN commercial.

La peur de l’incompétence digitale

Le tabou rarement exprimé : « Je ne suis pas à l’aise avec ces outils, et j’ai peur de passer pour un dinosaure. » Tous les commerciaux n’ont pas le même niveau d’aisance avec les technologies. Certains, excellents dans leur métier, craignent légitimement de se ridiculiser devant leurs clients ou leurs collègues plus jeunes en manipulant maladroitement une tablette ou un CRM mobile. Cette peur est renforcée lorsqu’aucune formation digne de ce nom n’est prévue, ce qui reste malheureusement fréquent dans de nombreux projets de digitalisation.

Les trois erreurs stratégiques des dirigeants auto-proclamés « digitaux »

Si vos commerciaux résistent, c’est aussi, parfois voire souvent, parce que la transformation digitale a été mal pilotée. Voici les trois erreurs récurrentes que j’observe.

Le projet digital en silo

Le scénario classique : le projet est piloté par la DSI et l’équipe technique, sans toujours une implication réelle dès l’origine du directeur e-commerce B2B, alors que ce dernier devrait être le pont entre ces deux mondes. Il est trop souvent recruté une fois que les directions générales se rendent compte du manque d’efficacité de leur stratégie. Les commerciaux découvrent la plateforme deux semaines avant le go-live, lors d’une présentation PowerPoint de 90 slides qu’ils subissent plutôt qu’ils n’écoutent. Le sentiment d’exclusion génère une absence d’appropriation, et le projet est vécu comme « imposé d’en haut ». Selon le Digital Transformation Index de Dell Technologies, les organisations qui intègrent les facteurs clés de réussite ont 3,2 fois plus de chances de réussir leur transformation. McKinsey va plus loin : les entreprises qui tiennent compte de six facteurs critiques, dont l’implication des équipes opérationnelles dès la phase de cadrage, voient leurs chances de réussite passer de 30% à 80%.

Le discours schizophrène de la direction

En Codir, le DG proclame : « Le digital est notre priorité stratégique absolue ! » Puis, lors du séminaire commercial annuel, le même DG déclare devant ses troupes : « Vous êtes notre force de frappe, nos meilleurs vendeurs, ne lâchez rien ! » Ce message contradictoire crée l’immobilisme. Les commerciaux ne savent plus quelle est la vraie priorité et optent naturellement pour le statu quo, c’est-à-dire continuer à faire ce qu’ils savent faire.

Des KPIs qui organisent la guerre des territoires

Le commercial est évalué sur son CA généré en direct, que ce soit en physique ou par téléphone. L’équipe digitale est évaluée sur le trafic et le CA du site. Aucun indicateur partagé ou hybride ne vient créer de pont entre ces deux mondes. Résultat prévisible : chacun défend son pré carré, et le commercial a économiquement intérêt à ce que le digital échoue. Cette configuration organisationnelle garantit l’échec du projet.

La méthode en huit étapes pour transformer la résistance en adhésion

Maintenant que le diagnostic est posé, passons aux solutions. Voici une méthodologie éprouvée, issue de mes expériences terrain chez Paredes, Rubix ou Martin Belaysoud. Il ne s’agit pas d’une recette magique applicable à l’identique, mais d’un cadre adaptable selon votre contexte. Cette évolution s’inscrit dans les grandes tendances de digitalisation du B2B en France.

Étape 1 : Co-construire plutôt qu’imposer

Le principe est simple : impliquer entre 20 et 30% de l’équipe commerciale dès la phase de cadrage du projet. Organisez des ateliers de conception où ils peuvent exprimer leurs frustrations clients et proposer des fonctionnalités prioritaires. L’effet psychologique est puissant : le commercial devient partie prenante du projet, pas simple exécutant d’une décision prise ailleurs.

Dans un projet de refonte que j’ai piloté pour un distributeur de fournitures techniques, nous avons organisé quatre ateliers de co-création avec des commerciaux volontaires. En deux sessions de trois heures, nous avons identifié onze fonctionnalités critiques, dont la gestion des commandes récurrentes et l’accès mobile aux fiches produits techniques. Ces fonctionnalités sont devenues prioritaires dans le MVP, et les commerciaux participants sont naturellement devenus les ambassadeurs du projet. Ces fonctionnalités correspondent d’ailleurs aux standards actuels du marché, comme nous le détaillons dans notre top 10 des fonctionnalités e-commerce B2B indispensables.

Étape 2 : Refondre le modèle de commissionnement (c’est non-négociable)

Cette étape est souvent évitée par les directions car elle touche à un sujet sensible. Pourtant, elle est absolument déterminante. Il faut garantir que toute vente générée par un client via la plateforme maintient la commission pour le commercial référent pendant une période de transition de 12 à 18 mois minimum. En complément, créez une prime à l’onboarding digital : entre 50 et 150 euros par compte client activé sur la plateforme, selon la taille du compte.

L’objectif est de transformer l’équation mentale du commercial. Avant : « Le digital me vole des commissions. » Après : « Le digital me rapporte des commissions supplémentaires. »

Étape 3 : Repositionner le rôle du commercial avec une véritable montée en valeur

Le message clé à faire passer est le suivant : « Le digital ne vous remplace pas, il vous libère du temps pour vendre mieux. » Mais attention, ce message ne peut être crédible que si vous le démontrez concrètement. La transformation consiste à faire évoluer le commercial de « preneur de commandes » vers « conseiller stratégique ».

Concrètement, cela signifie que le digital prend en charge les commandes récurrentes, le suivi de livraison, les réassorts automatiques et les questions administratives. Le commercial, lui, se concentre sur le développement de comptes, la vente consultative, la négociation de contrats-cadres, l’animation de la relation et la détection d’opportunités de cross-sell. Cette montée en valeur permet de revaloriser le métier commercial et, effet indirect souvent sous-estimé, de réduire le turnover.

Étape 4 : Créer des KPIs hybrides et des incentives collectifs

Abandonnez les KPIs en silos au profit d’indicateurs partagés entre équipes commerciales et digitales. Par exemple, mesurez le taux de pénétration digitale du portefeuille client, c’est-à-dire le pourcentage de clients actifs sur la plateforme. Suivez également le taux de prescription digitale, qui mesure le pourcentage de commerciaux mentionnant activement la plateforme. Enfin, pilotez la contribution globale au CA sans distinction entre digital et physique.

Ajoutez à cela un incentive collectif : un bonus d’équipe si les objectifs digitaux et commerciaux sont atteints simultanément. Cette mécanique crée une logique de coopération plutôt que de compétition. Dans plusieurs projets que j’ai accompagnés, ce simple changement a suffi à débloquer des situations conflictuelles qui s’éternisaient depuis des mois.

Étape 5 : Former intensivement et valoriser la compétence digitale

Créez un programme de certification interne baptisé par exemple « Digital Sales Expert » avec un badge valorisant qui crée une reconnaissance sociale. Le format doit privilégier la pratique : trois jours de formation en petit groupe avec mise en situation réelle, pas deux heures de PowerPoint. Les commerciaux doivent pouvoir s’exercer à présenter un client avec une tablette, créer un devis en ligne, démontrer les fonctionnalités avancées de la plateforme.

Une astuce particulièrement efficace consiste à faire intervenir des commerciaux déjà à l’aise avec le digital pour former leurs collègues. L’effet de légitimité entre pairs est bien plus puissant qu’une formation dispensée par un consultant externe ou un responsable e-commerce.

Étape 6 : Identifier et équiper des champions digitaux

Repérez deux à trois commerciaux moteurs dans l’équipe, ces early adopters qui comprennent intuitivement l’intérêt du digital. Équipez-les en priorité, mesurez leurs résultats, et faites-les témoigner en interne lors des réunions commerciales. L’effet viral est redoutable : « Si Jean-Pierre, qui a 55 ans et 30 ans de métier, y arrive et bat des records de CA, pourquoi pas moi ? »

Créez un « club des champions » avec un suivi rapproché, des feedbacks hebdomadaires, et une mise en avant systématique de leurs réussites. Ces champions deviendront naturellement les formateurs et les évangélistes du digital auprès de leurs pairs.

Étape 7 : Inverser la prescription — quand c’est le client qui vend le digital au commercial

Voici une tactique particulièrement efficace que j’ai déployée à plusieurs reprises : plutôt que de convaincre vos commerciaux que leurs clients sont prêts pour le digital, laissez les clients le leur dire eux-mêmes.

Le mécanisme est simple mais redoutablement efficace. Vos commerciaux argumentent que « leurs clients ne sont pas prêts » ? Très bien. Communiquez directement auprès de ces clients via email, SMS, WhatsApp Business, ou même des campagnes publicitaires ciblées sur LinkedIn. Présentez-leur la plateforme, ses bénéfices concrets : gain de temps, accès 24/7, historique de commandes, suivi en temps réel, catalogue enrichi.

Ce qui se passe alors est fascinant : lors du prochain rendez-vous commercial, c’est le client qui demande spontanément : « Dis-moi, j’ai reçu un mail sur votre nouvelle plateforme e-commerce, elle est vraiment bien. » Vous venez d’inverser la dynamique. Le commercial, qui bloquait le projet par principe, se retrouve dans une position où refuser de démontrer l’outil reviendrait à décevoir son client.

L’avantage collatéral ? Les commerciaux découvrent que leurs clients sont en réalité plus prêts qu’eux pour le digital. Cette prise de conscience est souvent un déclic. Le discours interne change : de « Mes clients ne sont pas prêts », on passe à « Il faut que je maîtrise mieux l’outil pour accompagner mes clients qui me le demandent ». La résistance se transforme en besoin de formation.

Attention toutefois à un point critique : cette tactique ne fonctionne que si votre plateforme est réellement aboutie et que l’expérience utilisateur est irréprochable. Si vous communiquez massivement vers les clients et que la plateforme déçoit, vous donnez raison aux commerciaux sceptiques et détruisez définitivement la crédibilité du projet. Assurez-vous d’abord que le produit tient ses promesses.

Quelques recommandations opérationnelles pour déployer cette tactique : coordonnez votre communication client avec votre équipe commerciale pour éviter le sentiment de trahison. Prévenez-les en amont qu’une campagne va être lancée, expliquez-leur le rationnel. Mettez à leur disposition des supports comme des PDF ou des vidéos courtes qu’ils peuvent partager eux-mêmes s’ils le souhaitent. Et surtout, trackez les retours clients pour mesurer l’impact : nombre de demandes reçues par les commerciaux, taux d’activation post-campagne, feedbacks spontanés.

Étape 8 : Communiquer les victoires par le storytelling interne

Célébrez les réussites hybrides — digital plus humain — via une newsletter mensuelle, des posts sur le réseau social interne, ou des interventions en séminaire commercial. Racontez des histoires concrètes : « Grâce à la plateforme, Sophie a libéré six heures par semaine de tâches administratives et signé deux nouveaux comptes stratégiques » ou « Pierre a utilisé la fonction de personnalisation des devis en temps réel lors d’un rendez-vous client. Résultat : commande signée sur place, avec un panier supérieur de 32% à l’offre initiale. »

L’objectif est de casser le narratif « digital contre commercial » et d’installer progressivement l’idée que digital plus humain égale performance maximale. Cette communication doit être régulière, factuelle, et toujours axée sur les bénéfices concrets pour les commerciaux.

Adapter la méthode à votre réalité : les facteurs de contexte

Chaque entreprise est différente, et la méthode doit être adaptée à votre contexte spécifique. Plusieurs variables influencent fortement la stratégie à adopter.

La taille et la structure de votre force de vente

Une équipe de 10 commerciaux n’aura pas les mêmes dynamiques qu’une force de vente de 150 personnes répartie sur tout le territoire. Dans le premier cas, vous pouvez impliquer tout le monde dès le début. Dans le second, une approche par vagues avec des pilotes régionaux est plus pertinente. De même, une équipe jeune et habituée aux outils digitaux nécessitera moins d’accompagnement qu’une équipe senior qui découvre ces technologies.

Votre secteur d’activité et la complexité de vos produits

Dans la distribution de produits standardisés, la digitalisation peut être rapide. Dans la vente de solutions techniques complexes nécessitant du conseil, le rôle du commercial reste central et la plateforme doit être positionnée comme un outil d’aide à la vente plutôt qu’un canal de vente autonome. Votre approche doit refléter cette réalité.

Votre culture d’entreprise et votre histoire

Une entreprise historiquement centrée sur la relation commerciale aura besoin de plus de temps et d’accompagnement pour basculer vers un modèle hybride qu’une start-up née dans l’ère digitale. Respectez cette culture, ne cherchez pas à la nier. Construisez le digital comme un prolongement de vos forces, pas comme une rupture brutale.

Les ressources disponibles (budget, temps, compétences internes)

Soyez réaliste sur vos moyens. Il vaut mieux avancer progressivement avec des ressources limitées mais un accompagnement de qualité, que se lancer dans un grand projet sans avoir les moyens de former, d’accompagner et d’ajuster en continu.

Les indicateurs de pilotage d’une transformation réussie

Pour mesurer l’efficacité de votre conduite du changement, suivez ces six KPIs trimestriels. Ils vous permettront d’ajuster votre stratégie en temps réel.

Le taux d’adoption interne mesure le pourcentage de commerciaux ayant prescrit activement la plateforme au moins une fois dans le trimestre. Visez plus de 75% à douze mois. Le taux d’activation client calcule le pourcentage de clients B2B de votre portefeuille ayant réalisé au moins une commande via la plateforme. Ciblez plus de 50% à dix-huit mois.

La fréquence d’utilisation des outils digitaux suit le nombre moyen de connexions au CRM ou à l’application commerciale par semaine et par commercial. Un usage quotidien se traduit par plus de douze connexions hebdomadaires. La contribution digitale au CA commercial évalue le pourcentage du CA d’un commercial généré via prescription digitale, c’est-à-dire les clients qu’il a onboardés et qui commandent ensuite en ligne. Selon le secteur, visez entre 20 et 30%.

La satisfaction des commerciaux, mesurée par un NPS interne trimestriel anonyme, doit dépasser 30 points à douze mois. Enfin, surveillez le turnover commercial comme indicateur indirect de satisfaction. Une transformation bien conduite doit maintenir ou réduire le turnover, jamais l’augmenter.

Revenons à l’essentiel. La transformation digitale B2B n’est jamais un problème technique. J’ai vu des plateformes e-commerce techniquement parfaites mourir faute d’adoption interne. Et à l’inverse, des outils imparfaits cartonner parce que les équipes se les étaient appropriés.

Le digital ne remplace pas l’humain. Il le réinvente.

Selon l’étude B2B Buyer Experience Report 2024, 69% du processus d’achat B2B est déjà entamé avant l’intervention du vendeur, et Gartner prévoit que 80% des interactions B2B se feront via des canaux numériques d’ici 2025. Dans ce contexte, le rôle de la force de vente n’est pas menacé. Il est transformé. Le commercial devient un architecte de solutions, un facilitateur de parcours, un expert qui intervient au bon moment pour apporter de la valeur là où l’automatisation ne suffit plus.

Mais pour que cette transformation soit réussie, cinq conditions doivent être réunies. D’abord, aligner les intérêts via le commissionnement, les KPIs et les objectifs. Ensuite, co-construire en impliquant les commerciaux dès le départ. Former massivement en donnant les moyens de réussir. Valoriser le rôle par une vraie montée en compétence, pas un déclassement. Enfin, communiquer sans relâche en célébrant les victoires et en ajustant en continu.

Chez Paredes, comme chez Rubix Group ou Martin Belaysoud, j’ai appris une chose : les commerciaux ne résistent pas au changement. Ils résistent au changement mal accompagné. Selon McKinsey, 70% de tous les programmes de transformation digitale échouent en raison de la résistance des employés et du manque de soutien de la direction. Mais les entreprises qui adoptent une stratégie de gestion du changement structurée voient leurs chances de réussite multipliées : selon Prosci, elles sont 6 fois plus susceptibles d’atteindre ou de dépasser leurs objectifs.

Si vous reconnaissez certains des symptômes décrits dans cet article au sein de votre organisation, c’est le moment d’agir. Pas en forçant l’adoption d’outils. Mais en repensant l’ensemble de votre dispositif organisationnel, managérial et culturel.

FAQ - Toutes les questions pour réussir sa transformation en business B2B

Quatre peurs principales expliquent cette résistance : la perte de commission, la perte de contrôle de la relation client, la transparence tarifaire et l’incompétence digitale perçue. Ces résistances sont rationnelles et doivent être adressées par des changements organisationnels concrets : refonte du commissionnement, repositionnement du rôle, formation intensive et implication dès la phase de cadrage.

Il faut maintenir les commissions pour les ventes générées via la plateforme pendant une période de transition de 12 à 18 mois et créer des primes à l’onboarding digital des clients pour incentiver l’adoption. L’objectif est de transformer l’équation mentale : le digital ne doit plus être perçu comme une menace pour les revenus, mais comme une source de commissions supplémentaires.

Le commercial évolue de preneur de commande vers conseiller stratégique. Il se concentre sur le développement de comptes, la vente consultative et l’animation relationnelle, tandis que le digital gère les tâches administratives et les commandes récurrentes. Cette montée en valeur permet de revaloriser le métier commercial et de réduire le turnover.

Via des KPIs hybrides partagés entre équipes commerciales et digitales : taux d’adoption interne de la plateforme (supérieur à 75% à douze mois), taux d’activation des clients du portefeuille (supérieur à 50% à dix-huit mois), contribution digitale au CA commercial (entre 20 et 30%), satisfaction des commerciaux mesurée par NPS interne (supérieur à 30), et évolution du turnover commercial.

Entre 12 et 24 mois pour obtenir une adoption significative supérieure à 70% de l’équipe commerciale, à condition de suivre une méthodologie structurée de conduite du changement incluant co-construction, refonte du commissionnement, formation intensive et communication continue des victoires. Chaque contexte est différent et ces durées doivent être adaptées à votre réalité.

Non. Les études montrent que les modèles hybrides digital plus humain génèrent 23% de CA supplémentaire par rapport aux modèles 100% digitaux en B2B selon Forrester 2024. Le commercial reste indispensable pour les ventes complexes, la négociation de contrats-cadres et l’animation de la relation. Le digital libère du temps pour ces tâches à haute valeur ajoutée.

Regard sur l’e-commerce qui compte.

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