Directeur e-commerce Lyon – Expert B2B/B2C | Campioni.fr
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NOM

Steve Campioni

EXPERIENCE

Directeur e-Commerce

LOCALISATION

Lyon, Auvergne-Rhône-Alpes

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Segmentation générationnelle : comment les Gen Z, X et Baby-boomers redéfinissent les leviers e-commerce

Étude e-commerce générationnelle – comportements d’achat Gen Z, X et Baby-boomers

La segmentation générationnelle n’a jamais été aussi stratégique, ni aussi fragile.
Pendant longtemps, les marketeurs ont classé leurs cibles par tranches d’âge, en supposant que les comportements d’achat suivaient des logiques démographiques stables. Mais la digitalisation du commerce a rebattu les cartes : les frontières entre générations se brouillent, les comportements se recomposent, et la notion même de “jeune consommateur digital” n’a plus le sens qu’on lui prêtait.

Les données les plus récentes le confirment : les plus de 65 ans sont désormais la population la plus représentée sur Facebook, avec 19 % des utilisateurs hebdomadaires, contre 14 % seulement en 2018.
Dans le même temps, les utilisateurs seniors de YouTube ont progressé de 113 % entre 2017 et 2021, et ceux d’Instagram ont bondi de +562 %.

Ce rééquilibrage générationnel, longtemps sous-estimé, oblige les marques e-commerce à repenser leurs leviers.
Car l’âge n’explique plus tout : les comportements, les valeurs et les étapes de vie sont devenus les véritables moteurs de la conversion et de la fidélisation.

L’âge : un indicateur qui ne suffit plus

Les spécialistes du marketing le savent : segmenter par âge est simple, mais simpliste.
L’approche par tranche d’âge – 18-24 ans, 25-34 ans, etc. – a longtemps dominé les campagnes publicitaires, les ciblages média et les plans CRM.
Mais cette méthode repose sur une hypothèse fragile : que les individus d’une même génération partagent les mêmes comportements, attentes et valeurs.

Or, les données comportementales montrent l’inverse.
Les consommateurs se définissent davantage par leur étape de vie (premier emploi, parentalité, retraite, reconversion…) que par leur âge.
Prenons un exemple parlant : les acheteurs de couches pour bébés.
En apparence, la cible naturelle serait les 25-44 ans — pourtant, 30 % des acheteurs réels n’appartiennent pas à cette tranche d’âge.
Et si les 25-44 ans sont “deux fois et demie plus susceptibles d’acheter des couches”, l’indice grimpe à 10 pour les personnes ayant vécu la naissance d’un enfant dans les 12 derniers mois.

La différence est massive : cibler par âge expose à des pertes de portée et de rentabilité.
Une simulation le prouve : une campagne visant les 25-44 ans à un CPM de 0,50 € paraît moins coûteuse qu’un ciblage “acheteurs de couches” à 1,10 €, mais le coût par acquisition est quatre fois plus faible sur la cible comportementale.
En bref, li vaut mieux payer un peu plus pour viser juste.

Cette logique vaut pour tout le commerce digital.
Les plateformes e-commerce qui structurent leurs audiences autour de critères démographiques perdent en finesse et en efficacité.
L’avenir du ciblage repose sur une segmentation par valeurs, comportements et expériences vécues.

Des plateformes numériques qui vieillissent… Bien !

Les stéréotypes générationnels résistent mal à la réalité des usages.
Il y a dix ans, on associait Facebook aux “jeunes actifs” et YouTube aux “adolescents”.
Aujourd’hui, ces plateformes se sont rééquilibrées, voire inversées.

Entre 2017 et 2021, les utilisateurs de plus de 65 ans sur Facebook ont augmenté de 60 %, contre une baisse de 21 % chez les 15-24 ans.
Sur YouTube, la croissance des seniors a même atteint +113 %, tandis que WhatsApp a connu un bond de +429 % dans cette même tranche d’âge.
Autrement dit, les baby-boomers ne sont plus des “outsiders” du digital, ils en sont devenus des utilisateurs centraux.

Inversement, les jeunes générations, notamment la Gen Z, fragmentent leurs usages sur des micro-plateformes (TikTok, BeReal, Twitch, Discord) et consomment le contenu de manière communautaire, éphémère et émotionnelle.

Cette redistribution silencieuse bouscule les codes e-commerce.
Elle impose aux marques :

  • d’adapter leurs messages selon les comportements, pas seulement les âges ;

  • de diversifier leurs canaux de communication ;

  • et de reconnaître que les seniors digitalisés sont désormais un levier de croissance à part entière.

Les marques qui continuent de segmenter leurs campagnes selon des clichés “jeunes = digital, vieux = offline” passent à côté d’un potentiel considérable.

Génération Z : instantanéité, influence et exigence

Souvent perçue comme “digital native”, la génération Z (née à partir de 1997) redéfinit surtout la vitesse et la valeur perçue du parcours d’achat.
Plus qu’un canal, le digital est pour elle un espace de socialisation, d’expression et de décision collective.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • 73 % des 16-24 ans déclarent aimer suivre les dernières tendances de la mode.

  • 59 % affirment aimer “prendre des risques”, signe d’une forte ouverture à l’expérimentation.

  • Et près de 8 % de ces jeunes ont déjà acheté une voiture en ligne — un chiffre supérieur aux Baby-boomers.

Ce profil “early adopter” se retrouve dans leurs comportements e-commerce : ils testent, comparent, et recommandent plus vite que toute autre génération.
Mais ils sont aussi plus exigeants.
Ils attendent des parcours fluides, visuels et personnalisés, et sanctionnent les expériences lentes ou peu cohérentes entre canaux.

Côté leviers, trois enseignements majeurs émergent :

  1. L’émotion prime sur la marque.
    La Gen Z s’attache à des valeurs (authenticité, inclusion, durabilité) avant de s’attacher à des logos.
    Le branding descendant ne fonctionne plus ; seule la preuve d’usage, incarnée par les créateurs ou les pairs, génère la conversion.

  2. Le social commerce devient central.
    L’acte d’achat s’intègre dans les flux sociaux : un produit vu sur TikTok ou Instagram doit pouvoir être commandé immédiatement, sans rupture.

  3. La data contextuelle est reine.
    Ces acheteurs n’aiment pas être “ciblés” ; ils préfèrent être compris.
    Les marques doivent passer du “push” à la recommandation intelligente, issue de la donnée comportementale.

Cartographier les signaux d’intention (ajout panier, clic produit, retour de visite) pour anticiper les besoins, plutôt que de segmenter par âge déclaré.

Génération X : le cœur de valeur invisible

Souvent oubliée entre Millennials et Boomers, la Génération X (1965–1980) concentre pourtant une grande partie de la valeur e-commerce.
Elle représente 13,7 millions de Français, avec un revenu individuel 15 % supérieur à la moyenne nationale, et 27 % d’entre eux appartiennent aux foyers gagnant plus de 6 900 € nets par mois.

Mais cette aisance apparente cache une double contrainte : pression économique et complexité de vie.
C’est la génération du “sandwich” : entre enfants à charge, parents âgés à soutenir, et carrière à maintenir.
Le résultat ? 25 % déclarent avoir “beaucoup de mal à s’en sortir” avec leurs revenus, malgré leur position sociale supérieure à la moyenne.

Leurs comportements d’achat reflètent cette tension :

  • +31 % de dépenses sur les chaussures enfants ;

  • +9 % sur les voyages ;

  • et une forte propension à rechercher les “bonnes affaires” (affinité élevée avec les archétypes “chasseurs de deals” et “acheteurs prudents”).

Ils privilégient la valeur sûre, la confiance et la simplicité.
C’est pourquoi cette génération réagit mieux à des leviers comme :

  • la transparence des prix ;

  • les politiques de retour claires ;

  • les programmes de fidélité à engagement progressif ;

  • et une UX sobre, centrée sur la fonctionnalité et non la surenchère visuelle.

C’est aussi une génération de fidélisation longue : elle achète moins souvent, mais reste plus longtemps cliente.
Les marques qui misent sur une relation stable plutôt que sur le “coup d’éclat” y gagnent un ROI supérieur à long terme.

Baby-boomers : la digitalisation silencieuse

Longtemps perçus comme les “retardataires” du numérique, les Baby-boomers sont aujourd’hui les utilisateurs les plus actifs des réseaux sociaux en France.
Ils représentent 19 % des utilisateurs hebdomadaires de Facebook, soit la tranche la plus importante.

Entre 2017 et 2021, leur usage des plateformes a explosé :

  • +60 % sur Facebook ;

  • +113 % sur YouTube ;

  • +429 % sur WhatsApp.

Leur rapport au digital est pragmatique : ils ne recherchent pas la nouveauté, mais la valeur d’usage.
Ils achètent en ligne pour le confort, la fiabilité et le service après-vente.
Là où la Gen Z veut du fun, le Boomer veut du sérieux.

Leur sensibilité à la sécurité et à la confiance en ligne est aussi beaucoup plus forte.
Ils privilégient les marques :

  • dont les sites sont simples, lisibles et sécurisés ;

  • qui proposent un contact humain (chat, visio, téléphone) ;

  • et qui valorisent le service, la durabilité ou la proximité.

Les marques qui simplifient leur UX pour la rendre “universelle” augmentent mécaniquement leur taux de conversion senior sans dégrader l’expérience jeune.

Le tournant comportemental : des “âges” aux “moments de vie”

Les données le montrent : l’âge biologique n’est qu’un indicateur parmi d’autres.
Ce qui influence réellement la conversion, ce sont les événements de vie.

Mariage, naissance, déménagement, retraite… Ces moments structurent les comportements d’achat plus que les générations elles-mêmes.
L’étude Beyond Age de l’institut Kantar Media démontre par exemple qu’un même âge moyen (49 ans pour un acheteur de maison) recouvre une diversité énorme de profils : 42 % des acheteurs immobiliers ont en réalité moins de 45 ans.

Cette approche de “l’arc de vie” offre une alternative au ciblage démographique : croiser les événements vécus et les intentions futures pour anticiper les besoins.

Concrètement :

  • un consommateur qui prévoit un déménagement aura bientôt besoin de meubles, de connexion internet et d’assurances ;

  • un parent d’adolescent changera ses besoins médias et ses priorités de dépenses ;

  • un retraité nouvellement actif cherchera des équipements de loisirs, de santé ou de confort.

En e-commerce, ces signaux sont activables via la donnée CRM, GA4 ou comportementale (navigation, intention, panier).
L’objectif : passer du profil figé au parcours vivant.

Les valeurs transgénérationnelles : un nouvel ADN de marque

Si les comportements varient avec les âges, les valeurs, elles, transcendent les générations.
Certaines attitudes sont désormais universelles :

  • plus de 80 % des consommateurs affirment qu’il faut “saisir les opportunités quand elles se présentent” ;

  • près de 85 % estiment que “le temps vaut plus que l’argent” ;

  • et ces chiffres sont quasi identiques entre 16 et 65 ans.

Autrement dit, la quête de sens et d’équilibre n’est pas une question d’âge.
Ce constat ouvre la voie à une segmentation “attitudinale” : plutôt que de cibler des âges, cibler des valeurs partagées.

On peut y distinguer quatre grands profils universels :

  1. Les technophiles actifs : tous âges confondus, adeptes de la nouveauté, de la performance et de l’innovation.

  2. Les éco-conscients : attentifs à l’impact, à la durabilité et à la transparence.

  3. Les “plaisiristes” : centrés sur l’expérience, la récompense et la dimension sensorielle.

  4. Les “efficacistes” : rationnels, fidèles aux marques qui simplifient leur quotidien.

Cette grille, inspirée des archétypes comportementaux, permet aux directions e-commerce de planifier leurs campagnes non plus selon l’âge, mais selon le rapport à la valeur.

Implications stratégiques pour les e-commerçants

  1. Réévaluer les cibles historiques.
    Les “jeunes” ne sont plus les seuls à acheter en ligne, et les “vieux” ne sont plus à convaincre du digital.
    Mettre à jour les personas permet d’éviter des biais de performance.

  2. Adopter une segmentation mixte : âge + moment de vie + valeur.
    Combiner données socio-démographiques et signaux comportementaux pour identifier des intentions concrètes.

  3. Adapter le message, pas seulement le canal.
    La Gen Z veut des preuves ; la Gen X veut de la clarté ; les Boomers veulent de la confiance.
    Un même produit peut être vendu différemment selon ces grilles de lecture.

  4. Aligner l’expérience client sur la simplicité universelle.
    Ce qui fonctionne pour un senior fonctionne aussi pour un jeune : navigation fluide, service rapide, relation humaine.

  5. Mesurer autrement la performance.
    L’indicateur clé n’est plus le taux de clic par âge, mais le coût d’acquisition par intention.
    Le ROI du ciblage comportemental est supérieur de 3 à 4 x à celui du ciblage démographique.

Le marketing générationnel reste utile… à condition d’en faire une lecture vivante.
Les Gen Z, X et Baby-boomers n’achètent pas “par âge”, mais selon leur rapport au monde, à la technologie, au temps et à la valeur.

Le véritable enjeu pour les marques n’est donc pas de segmenter, mais de synchroniser :

  • leurs messages avec les étapes de vie ;

  • leurs canaux avec les usages réels ;

  • leurs promesses avec les valeurs profondes des consommateurs.

Les marques qui sauront comprendre que le comportement transcende la génération construiront la fidélité durable que recherchent tous les e-commerçants.

FAQ - Les questions autour de l’impact des générations sur la conversion en e-commerce

Parce que l’âge ne reflète plus la diversité des comportements ni des étapes de vie. Deux consommateurs du même âge peuvent avoir des besoins et des motivations d’achat totalement opposés. Les données comportementales et les événements de vie offrent un ciblage plus précis et plus rentable.

La Génération X concentre une forte capacité d’achat, la Génération Z influence massivement les tendances, et les Baby-boomers deviennent une clientèle digitale fidèle. Chacune joue un rôle stratégique différent dans le cycle d’achat.

En misant sur l’instantanéité, les valeurs et la transparence. L’expérience doit être fluide, sociale et incarnée. La Gen Z ne veut pas être ciblée, mais comprise.

La Génération X reste la plus contributive en valeur : revenus supérieurs, fidélité plus forte et préférence pour les marques fiables. C’est souvent la clientèle la plus rentable à long terme.

En croisant les données d’âge avec les moments de vie (parentalité, mobilité, retraite, reconversion) et les valeurs (prix, durabilité, innovation). Cette approche “au-delà de l’âge” augmente la pertinence du message et le ROI global.

Regard sur l’e-commerce qui compte.

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